mardi 15 janvier 2008

aleph



c’était pendant la fête de la musique

parmi les groupes rock déchaînés

entre les batteries les guitares

sous les hurlement glauques

des hurleurs bientôt aphones

quelques rappeurs montaient le son des sonos

quelques rappeurs qui avaient quelque chose à faire entendre

en fond de scène là-bas sur la grand’place

aux marches d’une quelconque mairie

se déroulait sinistre

la longue houle

du métal

soudain

silence

la panne

plus d’électricité plus d’énergie

des cris

des cris de haine

des cris de peur d’enfants dans le noir

et le silence perdus

puis

petite

puissante

seule et emplissant l’espace

les notes pliées et repliées fumée changeante

tournoiement de vapeurs

musique

c’était l’accordéon

de l’accordéoniste aveugle

et on l’écoutait

surpris et reconnaissants

tout plus que la peur du noir silence des cœurs abasourdis

mais le mur l’explosion tout soudain rejaillit

le jet des projecteurs

les sons les bruits tout de fureur

et des gorges animales l’infecte son primal

le hululement indigne du plus antique animacule

l’orgie qui tout bloque tout consume tout obstrue

pas de futur pas de pensée tout est mauve et bruyance

alors bien calmement alors tout doucement

l’aveugle accordéoniste

replia rangea emporta l’instrument

sous les riffs des guitares les roulements de drums les cris des gorges déployées

il fuyait