c’était pendant la fête de la musique
parmi les groupes rock déchaînés
entre les batteries les guitares
sous les hurlement glauques
des hurleurs bientôt aphones
quelques rappeurs montaient le son des sonos
quelques rappeurs qui avaient quelque chose à faire entendre
en fond de scène là-bas sur la grand’place
aux marches d’une quelconque mairie
se déroulait sinistre
la longue houle
du métal
soudain
silence
la panne
plus d’électricité plus d’énergie
des cris
des cris de haine
des cris de peur d’enfants dans le noir
et le silence perdus
puis
petite
puissante
seule et emplissant l’espace
les notes pliées et repliées fumée changeante
tournoiement de vapeurs
musique
c’était l’accordéon
de l’accordéoniste aveugle
et on l’écoutait
surpris et reconnaissants
tout plus que la peur du noir silence des cœurs abasourdis
mais le mur l’explosion tout soudain rejaillit
le jet des projecteurs
les sons les bruits tout de fureur
et des gorges animales l’infecte son primal
le hululement indigne du plus antique animacule
l’orgie qui tout bloque tout consume tout obstrue
pas de futur pas de pensée tout est mauve et bruyance
alors bien calmement alors tout doucement
l’aveugle accordéoniste
replia rangea emporta l’instrument
sous les riffs des guitares les roulements de drums les cris des gorges déployées
il fuyait